19 décembre 2020
Noël a-t-il perdu une partie de sa magie ?
Noël a-t-il perdu une partie de sa magie ? Du recentrage sur l’enfant à l’émergence de la figure du donateur surnaturel, les traditions et les significations de l’échange de cadeaux ont considérablement évolué. Quelle place conserve le jeu dans l’histoire de Noël ?
« Ah, de mon temps, à Noël, comme cadeau je n’avais qu’une orange… et j’étais bien content ! » La belle orange, dévorée en un instant par les uns, conservée plus longtemps par les autres, fut une tentation sucrée et légèrement acidulée de Noël. C’est ainsi qu’elle est présentée quand les anciens parlent de leur jeunesse. Pourtant, l’orange de fin d’année a une histoire. Le 31 décembre 1866, le Petit Journal fait sa une sur les oranges et le jour de l’an : « À l’approche du jour de l’an, il est un objet d’étrennes, à la portée de tout le monde, et qui constitue le modeste cadeau du pauvre. Bien qu’il ne coûte que quelques centimes, il est joli de forme, attrayant de couleur, succulant (sic) de goût, suave de parfum… La belle dame y applique ses lèvres dans le fond de sa loge à l’Opéra, cachée sous l’éventail. Le gamin de Paris en absorbe le contenu et fait ensuite, avec la pelure, des feux d’artifice à la chandelle ». Cette friandise aimée de tous est l’orange ! Ce « fruit plébéien », commet dit le journal, s’inscrit dans la longue histoire de Noël et de celle des cadeaux. Pour l’écouter, installons-nous au pied du sapin. (Xavier Mauduit)
» De mon temps, on ne recevait qu’une orange pour Noël » : que de fois avons-nous attendu cette Vieille lune dans la nuit de Noël.
Pourtant, depuis l’Antiquité, les enfants reçoivent des cadeaux. Au fil des siècles, les traditions des fêtes de fin d’année évoluent tout autant que la manière d’offrir des jouets aux enfants. Elles sont révélatrices de la place qu’une société accorde à ses enfants.
Remontons le temps pour retracer l’histoire – ou plutôt les histoires – des jouets de Noël, des calendes romaines à l’Amérique contemporaine. Partons à la rencontre de Saint Nicolas, de la sorcière Befana et du Père Noël afin de comprendre par quelles traditions religieuses et folkloriques notre Noël moderne s’est construit.
Pour converser sur cette longue et passionnante histoire, nous recevons Michel Manson, professeur émérite de l’Université Sorbonne Paris-Nord et membre titulaire de l’Académie de Montauban. Il est l’auteur de Jouets de toujours (Fayard, 2001) et Histoire(s) des jouets de Noël (Téraèdre, 2005). Récemment, il a publié avec Hélène Meyer-Roudet Le Jouet et la culture enfantine, guide du Musée du jouet de Poissy (Mare et Martin & Ville de Poissy, 2019).
Dès le Ve siècle avant J-C, on trouve des traces de l’existence d’offrandes de cadeaux à des enfants pour les fêtes de fin d’année. Plus tard, la pratique du don d’étrennes précède la naissance – assez tardive – de « l’authentique cadeau de Noël » (fin du XIXe siècle).
Dans toutes les traditions du jouet, il existe une figure de l’enfant divin. Avec la crèche chrétienne, l’image de la famille rassemblée va recouvrir toutes les autres traditions.
« Le cadeau est une marque de l’amour des parents »
Dès la fin du XVIIe siècle, la montée en puissance du culte de l’enfant Jésus va permettre de valoriser la période de l’enfance dans la société. On va chercher à lui faire plaisir en prenant en compte sa personnalité : reconnaître son enfance avec le symbole du jouet.
À partir de 1874, les Grands magasins sortent des rayons et des catalogues des jouets. Ce moment est essentiel dans l’histoire du jeu puisque la gamme des jouets augmente considérablement et la production s’industrialise. Désormais, les enfants choisissent leurs cadeaux à partir d’un catalogue varié. Dans le même temps, les affiches commerciales faites par des illustrateurs renommés participent à valoriser l’enfant et son rapport aux jouets.
https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-lhistoire/jouer-en-societe-dou-viennent-les-regles-du-jeu-44-noublie-pas-mon-petit-soulier-une-histoire-du