Dans mon premier article, je vous invitais à aller admirer les vitraux de l’église Saint-Mangen. J’ignore si vous l’avez fait. Mais si vous n’êtes pas allés les regarder de plus près – et vous ne pourrez plus le faire pendant un certain temps – je vais vous les faire découvrir ou vous les remémorer à distance.
Vous entrez dans l’église et vous êtes frappés par la clarté du lieu. En effet, quatre fenêtres transparentes situées de part et d’autre de la nef principale et dans le choeur laissent pénétrer un flot de lumière. Seuls leurs demi-arcs supérieurs sont colorés et forment le lien avec les trois vitraux. Tout de suite, votre regard est attiré par le vitrail du chœur. Bénéficiant d’un profond recul, vous pouvez admirer ses tons bleus, oranges et jaunes. Arrivés au niveau de la nef latérale, vous découvrez à votre droite un vitrail présentant un grand contraste de couleurs avec une dominante de vert. Quant au vitrail à votre gauche, assombri par le feuillage des arbres en été, ce sont le blanc, le jaune clair, le bleu ciel et un turquoise tirant sur le vert qui s’offrent à vous.
Il semble que l’église n’ait jamais eu de vitraux avant que, dans les années 70, l’on discute de transformer une des fenêtres en vitrail. Mais il a fallu attendre 1989 pour que le Conseil de paroisse confie ce projet à l’artiste Alfred Kobel. Un leg généreux de l’artiste Albert Saner ainsi que des dons importants permettaient de couvrir son financement.
Au fil des discussions, les autres fenêtres ont été prises en considération dans le projet afin de garder une unité dans l’église. Différentes ébauches figuratives, telle que « Emmaüs », ont dû être rejetées. En effet, la suppression coûteuse des croisillons de toutes les fenêtres et des considérations architecturales ont poussé les responsables à se tourner
vers une autre approche : non pas une pure abstraction mais une thématique en une forme symbolique.
C’est ainsi que, le 2 décembre 1990, les vitraux ont pu être officiellement inaugurés lors d’un culte.
Dans mon prochain article, je vous donnerai les clés d’interprétation de ces vitraux fournies par l’artiste ainsi que ses motivations et aspirations.
Le dimanche 22 mars, lors de notre dernier culte, la pandémie faisait déjà rage et il était à prévoir que nous ne pourrions plus nous réunir dans l’église. Pensant à l’article que je devais écrire, je regardais le vitrail du chœur et me demandais ce qu’il pouvait m’inspirer dans ce contexte. Voici sa réponse.
« Je suis fais de verre et je suis donc plus fragile qu’un mur épais. Néanmoins, je te protège tout aussi bien que n’importe quel mur opaque. Tout comme les vitres transparentes, je laisse passer la lumière extérieure, mais mes couleurs donnent un sens à ce qui se passe dans le monde : dans ton confinement, je t’offre le noir de mes baguettes de plomb pour que tu penses à ceux qui souffrent, je t’offre le rouge de la solidarité humaine, le jaune du courage, le bleu des cieux et le vert de l’espoir ».
Josiane Fries